OWAKUDANI - Terre de souffre

大 涌 谷 Trois idéogrammes pour dire « La vallée des grands bouillonnements » .  Terre crevassée avec ses roches déchiquetées, ses vomissements d'effluves soufrés, sa végétation calcinée, nature apocalyptique et fascinante, Owakudani et sa mine, située non loin du Mont Fuji, est aussi appelée « Le grand enfer ». Il m'a semblé que c'est à la frontière avec la gravure et l'encre que les photographies que j'avais prises là-bas pouvaient le mieux traduire ma vision du lieu. C'est pourquoi je les ai longuement retravaillées jusqu'à retrouver mes sensations d'alors, jusqu'à laisser cette terre imprimer la feuille de papier comme elle imprime air, roches et végétation de sa nature sulfureuse. Il m'importait de donner une autre dimension à mes photographies. 

Le photographe Pierre Fuentes

Les photos de la série "Owakudani, terre de soufre" de Pierre Fuentes sont traitées comme pourraient l’être des gravures. Des clichés initiaux, le photographe reconstruit ce qu’il ressent ou plutôt ce qui lui reste en mémoire.

Il y a dans ces photographies la force du croquis, de l'estampe... C’est en tout cas ce que l’écrivain et poète Michel Diaz ressent lorsqu’il écrit à propos du travail du photographe : “il en a fait des œuvres dans lesquelles on hésite à voir ce qui emprunte à la technique de l'eau forte ou du dessin à l'encre”. Moi, je lis aussi dans ses photos les traits que dessinerait un géographe, un biologiste ou un paysagiste en transcrivant un paysage... Mais surtout, l’ombre et la lumière qu’ajouterait un peintre ou un dessinateur. Il me reste à ajouter, une autre chose encore que souligne Michel Diaz et que je partage : “Les images de Pierre Fuentes, ramenées du Japon (…) n'auraient pu être qu'étonnantes. [Mais plus] c'est le traitement particulier de ces images, ce qu'il en a fait d'inspiré, qui nous ouvre les voies de ce qu'on peut y voir comme témoignage d'un outre-monde”. 

XG 02/2017