Rétro Projection

Le 10 avril 2013

VD3 - Printemps 2013

Rétro Projection / L'édito

De tous temps, les bâtisseurs se nourrissent d’exemples et d’expériences du passé. L’ancien temps évoque  et rassure. On peut ne pas s’en soucier, en garder le souvenir, voire en transposer l’image. En 1937, le professeur d’architecture Bertrand Lemoine observe : « Il serait trop schématique de simplement opposer classicisme et modernisme. La tendance à l’intégration est assez forte entre les deux ».

Par l’usage de certains matériaux, formes, symboles et illusions, le constructeur puise dans le passé  et le réinterprète. C’est ce que l’on pourrait appeler la rétro projection. L’architecte utilise ce qui lui reste utile, compréhensible, d’un passé lointain ou proche. Il ne cherche pas à reproduire pour reproduire. Il transpose pour accentuer une symbolique, un souvenir d’une époque toujours évocatrice et présente. La rétro projection assure la liaison et la continuité. Elle est continuellement mise en mouvement, dans un référentiel commun et un répertoire propre à chacun. Elle se glisse partout, simplement inscrite dans la conception de notre habitat. Les clins d’œil du passé se cachent dans les murs, toitures, portes et fenêtres…  Des anciennes formes, naissent alors de nouvelles, par le jeu de leur adaptation au monde contemporain.

Ce subtil mélange temporel est au cœur de l’œuvre de Pierre Patout. Grande figure du style international, il fut aussi l’un des principaux animateurs du courant qualifié de classicisme modernisé. Fidèle à une certaine tradition classique, il se distinguait en faisant la part belle aux arts décoratifs. La bibliothèque municipale de Tours, dernière œuvre de l’architecte, est une sorte de synthèse de son style. Tout en rétro projection.

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